Pérou – Le chemin de l’inca & le Machu Picchu

Nous voilà de retour après quatre jours de trek intense sur le chemin de l’inca ! Nous vous avions quittés dimanche matin avec un réveil à 4h30 pour récupérer Kathia et Julien, 2 français avec qui nous vivrons cette belle aventure, ainsi qu’une partie des porteurs et notre guide Danny.
Direction Ollantaytambo à 1h30 de là pour retrouver Klauss et Suzanna, 2 allemands qui partageront les campements afin d’être au complet, puis nous rejoignons le kilomètre 82, début officiel du trek.
Tout le monde descend du mini bus et commence alors le ballet des porteurs qui préparent leurs sacs pour les quatre jours suivants avec tout le matériel nécessaire. Tentes, matériel de cuisine, nourriture, bonbonne de gaz, sacs de couchage, chacun porte une montagne sur le dos… Entre 20 et 25 kg par porteur. Pour notre petit groupe de 6 personnes pas moins de 7 porteurs et un cuisinier (porteur lui aussi). On a l’air bien ridicule à côté avec nos sacs à dos allégés.
Allez c’est parti pour 42 km de marche jusqu’au sacro saint Machu Picchu ! Passage obligé par le bureau de contrôle (500 personnes maximum par jour sur le chemin compris porteurs et cuisiniers, ce qui fait environ 200 touristes) et défilé des porteurs de toutes les agences pour la pesée (le poids de leur sac est réglementé depuis quelques années, avant certains portaient plus de 40kg). Drôle de spectacle de voir tous ces porteurs chacun aux couleurs de son agence partir en courant cachés sous leurs immenses sacs. On prendra conscience peu de temps après de la quantité d’efforts qu’ils fournissent.
On traverse le pont qui enjambe la rivière urubamba et nous voilà en route pour notre premier jour. Pour se mettre en jambe, le programme de la journée est plutôt simple : environ 6 heures de marche (13km) et un départ à 2600m d’altitude pour rejoindre le campement de « Tres Piedras » à 3300m. Nous traversons quelques petits villages des communautés habitants la vallée ainsi que quelques ruines incas avant de rejoindre notre camp intermédiaire pour le repas du midi. Là on commence à prendre la mesure de l’organisation et du boulot des porteurs. Nous arrivons sur place et tout est déjà prêt. Les tentes « cuisine » et « salle à manger » sont montées, des bassines d’eau et savons nous attendent et surtout le repas est préparé. Et quel repas ! Nous ne pensions pas qu’il était possible de manger comme ça en rando ! Soupe, plats péruviens, jus de fruits, thés, un vrai festival et délicieux en plus. Tout ça cuisiné dans une petite tente avec un double réchaud à gaz !
Nous reprenons la route le ventre plein pour quelques heures encore pour arriver vers 17h30 au camp de nuit et passage par un dernier contrôle où l’on en profite pour peser nos sacs : 6,5 kg pour Tam et 9,5 kg pour moi (oui l’appareil photo pèse déjà 1,5 kg…). Là encore surprise, tout est monté lorsqu’on arrive ! Les tentes sont prêtes, de l’eau chaude pour se débarbouiller et un goûter pour reprendre des forces : popcorn fait minute, thé, chocolat, petits gâteaux, le top. Repas du soir tout aussi copieux et savoureux que celui du midi qui ouvre la discussion entre les guides et nos camarades de marche. Dommage que l’on ne partage pas ce moment avec nos porteurs.
Bref une bonne première journée sous le beau temps et avec un effort modéré pour être bien prêts pour le lendemain. Il faut dire aussi que Danny notre guide est très prévenant et qu’il ne nous pousse pas à avancer mais au contraire à bien profiter des paysages.

Après une nuit bien reposante et pas trop fraîche grâce à un matériel de très bonne qualité (quand même réveil à 5h) et un petit déj´ à la hauteur des autres repas (tartine, confiture, crêpes pommes chocolat, céréales, jus), les guides nous présentent toute l’équipe. Tour à tour, chaque porteur nous dévoile un peu de sa vie ; ils ont entre 19 et 54 ans, certains sont mariés d’autres sortent tout juste de l’adolescence, certains font ça depuis 10 ans et d’autres démarrent à peine. Ils sont pour la plupart agriculteurs et font cela en complément lors des mois où il n’y a pas de récolte. Ils s’appellent Fortunato, Jesus, Angel (oui c’est le père de Jesus…), Juan Batista, Stanislas, Julian, Antonio, Alexis.
Nous les quittons quelques minutes plus tard pour entreprendre la plus grosse journée du trek : 10h de marche pour 14 km et deux cols à passer. Le premier est à 4200m d’altitude soit 900m de dénivelé positif. On passe un peu par tous les temps mais globalement il fait beau. L’ascension se fait rude et on ne regrette pas les deux semaines d’acclimatation et les randos préparatoires ! Le souffle ne nous manque pas et Tamara finit même les derniers mètres en courant ! Au sommet, petit Pisco pour mettre du baume au cœur pour la suite ! Descente vers le camp pour le déjeuner (-700m de dénivelé) puis remontée vers le second col à 3950m (allez +450m encore!). Là ça commence sérieusement à tirer dans les pattes de tout le monde et le froid qui tombe et la nuit qui s’approche doucement entament légèrement le moral. On a du mal à voir le bout ! Heureusement les paysages sont superbes et Danny soutient bien ses troupes. Descente vers le campement à 3650m pour une nuit bien méritée. L’orage est cependant venu un peu troubler tout ça pendant quelques heures mais sans trop causer de dégâts. Une petite flaque dans la tente et des chaussures quelques peu mouillées mais rien de dramatique.

Pour ce troisième jour, levé à 6h (royal !) et 5 à 6h de marche pour achever les 9km qui nous séparent du dernier camp. Après un peu de descente, un ultime col à franchir à 3700m et ensuite 1000m de dénivelé négatif jusqu’au Winay Wayna. De très jolis sites incas à visiter au passage avec une ambiance plutôt mystique due au brouillard quasi omniprésent. Le chemin est quand même assez difficile car les pierres sont très irrégulières et les marches nombreuses et hautes. On en arrive presque à se demander si on ne préférait pas la montée. Les genoux en prennent pour leurs grades et les cuisses, déjà bien entamées par les courbatures des jours précédents, chauffent beaucoup. Heureusement, l’après midi est consacrée à la détente avec simplement la visite du Winay Wayna à 5 minutes du camp. Un magnifique site qui nous laisse présager la merveille du lendemain.
Au goûter, surprise du chef, avec un gros gâteau préparé dans l’après midi par le cuisinier lui même (et toujours avec son réchaud au gaz et sans four !). Le résultat est pas mal du tout et fait office, pour le coup, de cerise sur le gâteau.
Dernier repas et dernière soirée avec les porteurs, avec la traditionnelle cérémonie d’adieux et des pourboires. Moment un peu gênant mais Kathia, qui est espagnole d’origine arrive très bien à trouver les mots pour remercier sincèrement les porteurs et le cuisinier. Car faire ce trek avec plus de 20kg sur le dos et généralement deux à trois heures de moins par jour pour faire les mêmes distances que nous ainsi que tout préparer et démonter chaque jour, ce n’est vraiment pas une sinécure… Et certainement pour un salaire qui ne vole pas bien haut. Même si certains sont plutôt trapus et non pas de souci avec l’altitude, il y en a quand même qui ne sont pas plus épais que moi (c’est dire!) et pour avoir essayé leur sac, il n’est pas possible de rester droit sans tomber en arrière. Et pour clouer le tout, on en voit faire la rando avec de simples claquettes…

Quatrième jour et nuit très courte car réveil à 3h30. Trente minutes pour plier ses affaires et avaler un maté de coca et on décolle pour le point de contrôle du Machu Picchu. Tout le monde se retrouve devant la cabane vers 4h30, lampe frontale allumée en attendant l’ouverture du dernier tronçon à 5h30. 1hr de chemin vallonné avec quelques dernières marches raides presque tous les 200 marcheurs à la queue leu leu.
Nous arrivons à la porte du soleil où se retrouvent les groupes mais quelle déception lorsque l’on découvre le panorama complètement embrumé. Après quelques minutes d’attente, les différents groupes, déçus, descendent au site. Nous serons les plus patients en restant 1h30 à la porte du soleil pour observer le Machu Picchu d’en haut. Finalement quelle récompense! Nous sommes les seuls des 200 marcheurs à avoir eu cette magnifique et unique vue du Machu Picchu grâce à Danny qui a accepté de rester si longtemps pour nous offrir ce moment magique (c’était la deuxième fois en dix ans qu’il patientait si longtemps).
Enfin descente sur le site pour deux heures de découverte sous un merveilleux soleil.
Il existe plusieurs hypothèses sur le Machu Picchu, sa découverte, sa construction, son utilisation, son abandon… Ce qui est certain c’est qu’il avait une place centrale dans la civilisation inca. Ancrée au centre de superbes montagnes en forme de pain de sucre, la cité est très grande et très bien restaurée ce qui donne plus de vie à ce site par rapport à d’autres sites partiellement rénovés.

Retour vers Aguas Calientes, la ville dortoir du Machu Picchu, pour un dernier repas tous ensembles et pour se délasser dans les eaux chaudes des bains publiques. Nous sautons dans le train de 18h35 pour retrouver Ollantaytambo puis Cusco en fin de soirée. C’est l’heure des au revoir.

Quatre jours bien éprouvants quand même mais inoubliables au milieu de superbes paysages quasi tropicaux avec un bon groupe et un bon guide ce qui a bien aidé à oublier la difficulté. Aujourd’hui départ pour la Bolivie et début d’une nouvelle aventure !

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