Bolivie – La Paz & la cordillère Royale

Après deux mois à côtoyer les plus hauts sommets du monde, Guillaume était trop tenté d’en rencontrer un de plus près.
Après de longues prospections, nous trouvons L’agence sérieuse à qui confier cette mission. Pendant deux jours, nous visitons La Paz dans le but de finaliser les préparatifs à son ascension et trouver une randonnée plus accessible pour moi.
Départ mercredi matin pour tous les deux. Je m’aperçois que j’ai relevé le défi des 4000m mais que je ne suis toujours pas apte pour le cap des
5 000 m. En effet, ma randonnée est prévue le long de la cordillère royale, plus précisément au pied du Condoriri, superbe montagne à la forme d’un condor où disparaissait les enfants des villages. A 4 800m, la marche autour du lac Chiar Khota prend du temps et l’oxygène me manque encore. Mais quels paysages! Perdus à 2hr de La Paz, nous profitons d’un grand soleil qui fait ressortir les couleurs émeraudes de ce lac entouré de lamas et… De gros lézards verts! Les autres sommets sont également impressionnants et cette vue est parfaite pour la pause déjeuner. Je pense à Guillaume au dessus de ma tête!
Retour en fin de journée, lessivée par cette rando mais heureuse d’avoir profitée de ce havre de paix qui m’a rappelé le lac Paron dans la cordillère blanche du Perou.
Le lendemain, en attendant Guillaume, j’en profite pour visiter un peu plus le centre historique de La Paz et quelques musées (rien de bien intéressant à part peut être celui des instruments de musique). Cette ville dégage une ambiance particulière. Pas vraiment belle et bien déglinguée, on finit par s’y attacher car elle est vivante et colorée.
J’en profite pour découvrir la place Mujillo, où trône l’église qui sonne tous les quart d’heure même la nuit, un peu gênant quand le clocher se trouve à quelques mètres de notre fenêtre. Une place très animée, qui fut interdite aux indiens qui n’osaient pas la traverser jusqu’à l’élection d’Evo Morales. Réélection au cœur de la polémique car bien qu’apprecié, le président entame un troisième mandat ce qui est normalement interdit par la constitution.

Pendant ce temps…

Après pas mal de recherches sur le guide du routard et sur internet, j’avais enfin trouvé l’agence qui semblait convenir pour tenter cette ascension. Thaki voyages (qui organise entre autre tous types d’excursions et séjours en Bolivie) est tenue par Jérôme et Anne qui pratiquent pas mal de sommets depuis leur arrivée en Bolivie. Rendez vous pris lundi en fin de matinée pour voir la possibilité à très court terme de réaliser l’ascension du Huayna Potosi, réputé pour être le 6000m le plus accessible du pays voir d’Amérique latine. Une petite après-midi d’attente, la réponse tombe, c’est ok avec Sergio Condori, un des meilleurs guides UIAGM de Bolivie. Mardi après-midi, direction la caverne d’Ali Baba du trekkeur pour louer le matériel : chaussures de glacier, crampons, piolet, casque, harnais et sac de couchage.

Mercredi matin, en route pour le camp bas du Huayna Potosi ; à 4800 m nous préparons les sacs avant de partir pour le camp haut situé à 5270 m. Deux heures de montée dans des éboulis, histoire de se mettre en jambe. Jusque là tout se passe bien, pas de mal de tête, j’arrive à boire et à manger suffisamment. Le reste de l’ascension se présente bien ! Pour finir la journée nous partons avec Sergio nous entraîner, à côté du refuge sur un petit bout de glacier, au maniement des crampons et du piolet. Repas du soir avec les autres personnes du refuge, Pierre Hugues et Julien, deux profs au lycée français, Pietro, un italien qui vit en Bolivie, un groupe de Brésiliens et leurs guides. On se couche tous vers 19h mais le sommeil tarde un peu à venir…

« Allez Guillaume, il est 1h » Sergio me réveille à la frontale et nous nous habillons pour le départ : deux tee-shirts, trois polaires, collant, pantalon et trois paires de chaussettes, Gore tex et grosses moufles. Il est 2h, « Vamos ! », on enfile les chaussures, et le harnais, on fixe les crampons, piolet accroché au sac, on allume la frontale et c’est parti pour les 800 m de dénivelé qui nous séparent du sommet. Nous sommes distants d’une dizaine de mètres mais la corde nous relie en permanence. On a de la chance, le temps est découvert et la quasi pleine lune éclaire bien la neige. Seul un petit vent vient perturber tout ça. Nous rejoignons deux autres cordées parties du camp un peu plus haut. Presque deux heures de montée plutôt douce avec deux passages de crevasses avant d’arriver à la première crête. Il fait encore nuit (heureusement) ce qui permet de ne pas trop voir la pente de part et d’autre ! On grimpe, 5600m, 5800m, le souffle se fait un peu court et les pauses plus régulières. Parfois tous les 30m. On avance pas à pas voir même à demi pas dans les montées un peu raides. La vue sur La ‘Paz et l’Alto illuminés est magnifique. Le soleil se lève doucement dans un superbe rougeoiement et le froid avec. Nous sommes dans le bon timing, plus qu’une heure environ avant le sommet. Mais quelle heure ! La fatigue se fait sentir mais c’est surtout psychologiquement qu’il faut prendre le dessus. Toutes les cordées se rejoignent à peu près au même moment (sauf les trois brésiliens qui ont déclarés forfait au refuge pour cause de mal de l’altitude) pour entamer la crête finale : deux cents mètres d’un chemin d’une trentaine de centimètres de large avec le vide des deux côtés et une pente de 50 à 60%. Parfois un petit muret de neige vient me rassurer un peu mais globalement avec le vent je suis plutôt crispé et ça se ressent dans les cuisses et les bras. Sergio a rapproché la corde et seulement deux mètres nous séparent mais ces 200m me paraissent les plus longs du trajet.

Mais en haut quelle récompense ! Nous nous retrouvons une dizaine sur le petit bout de sommet, avec un temps magnifique, un levé de soleil incroyable et entourés par le vide. Je suis crevé, ému et un peu rafraîchi (ça se voit sur les photos) mais tellement heureux d’être arrivé à 6088m. On profite tous de ce moment mais il est bientôt temps de redescendre… Par le même chemin… Encore un passage difficile pour moi mais le reste se passe bien. Après une ascension avalée en 4h, la descente jusqu’au refuge se fait en 1h30 et sous un grand ciel bleu. Du coup on revoit tout le trajet et les moments délicats ! Une petite pause au refuge pour ranger les affaires, une soupe et c’est reparti pour les 400 derniers mètres de dénivelé pour retrouver le camp de base et la voiture.

Au total 12km de marche, un deuxième jour où s’enchaine +800 et – 1200m et un souvenir inoubliable du premier 6000 ! Encore merci à Sergio pour son professionnalisme et son attention.

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4 Comments
  1. Magnifique, j’ai souffert avec vous dans l’ascension mais quel spectacle à l’arrivée. Allez-vous avoir assez de place pour garder tous les images dans votre tête. Denis

  2. Bravo à tous les deux…. j’imagine très bien les difficultés à passer pour ce genre de randonnée :-(…..chapeau!
    Les photos sont magnifiques! merci!

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